Les Métamorphoses 3/3 - Traduire à l'école, par Marie Cosnay
Catulle au collège
L’égal des dieux, d’après le poème de Sapho.
Celui-ci me semble l’égal d’un dieu,
Celui-ci, si possible, me paraît plus fort que les dieux,
Celui-ci qui est assis devant toi,
Qui toujours t’admire et t’écoute
Rire doucement : ce qui, à moi, misérable,
M’arrache tous les sentiments dès que
Je te regarde, Lesbia, rien d’un son
Ne franchit le pas de ma bouche,
Ma langue s’assoupit sous mon corps, une légère
Chaleur coule, de leur propre
Bruit mes oreilles bourdonnent, mes lumières jumelles
Sont couvertes d’un voile de nuit.
(Pierre-Nicolas)
Celui-ci me paraît à la hauteur d’un dieu,
Il est, si possible, au-dessus des dieux,
Le Magnifique, encore et toujours face à toi
Qui t’admire et t’écoute
Doucement rire. Pauvre de moi, cela m’arrache
Tous sens humains. Car à chaque regard
Que je pose sur toi, Lesbia, je demeure
Sans voix…
Ma langue s’engourdit, dans mon corps le
Désir s’écoule, de leur bourdonnement
Mes oreilles s’assourdissent, mes yeux jumeaux
Se voilent de nuit.
(Manon)
Cet homme semble pareil à un dieu,
Cet homme, si c’est autorisé, me semble triompher des
dieux,
Cet homme qui posé face à toi toujours
Te regarde et t’écoute
Paisiblement sourire. Ce qui à mon désespoir
M’enlève tous mes sens. Dès que
Je te contemple, Lesbia, aucune voix
Flamme ruisselle, de leur propre fracas
Mes oreilles sifflent, mes yeux égaux
Sont couverts de nuit.
Cet homme m’apparaît un dieu,
Cet homme, même si c’est impossible, dépasse les
divinités.
Celui qui assis face à toi,
Toujours admire et écoute
Ton doux rire, ce qui m’attriste et m’arrache
Les sens : dès que
Je te contemple, toi, Lesbie, aucun son
Ne sort de ma bouche.
Même ma langue se fige, sous mes membres une
Légère flamme ruisselle, de leur propre vacarme
Mes oreilles carillonnent.
Mes deux yeux
Masqués par la nuit se voilent.
(Loïc)
Virgile au collège
L’Énéide, Livre 1, vers 1 à 11
Nous lisons différentes traductions :
Je chante les combats et ce héros qui le premier des
rivages de Troie s’en vint, banni du sort, en Italie, aux côtes de
Lavinium : longtemps il fut le jouet, et sur terre et sur mer, de la
puissance des dieux supérieurs qu’excitaient le ressentiment et le courroux de
la cruelle Junon ; longtemps aussi il eut à souffrir les maux de la
guerre, avant de fonder une ville et de transporter ses dieux dans le
Latium : de là sont sortis la race latine, les pères Albains et les
remparts de la superbe Rome.
Muse, rappelle-moi les causes de ces événements, dis-moi
pour quelle offense à sa divinité, pour quelle injure, la reine des dieux
poussa un héros insigne par sa piété à courir tant de hasards, à affronter tant
d’épreuves ? Est-il tant de courroux dans l’âme des dieux célestes ?
(trad. de
Maurice Rat, Paris, Garnier-Flammarion, 2008 [1944])
(trad. D’André
Bellesort, Paris, Les Belles Lettres, Budé, 1944)
Voilà que maintenant je chante l’horreur des armes de Mars
et l’homme qui, premier, des bords de Troie vint en Italie, prédestiné,
fugitif, et aux rives de Lavinium ; ayant connu bien des traverses et sur
terre et sur l’abîme sous les coups de Ceux d’en haut, à cause de la colère
tenace de la cruelle Junon, il souffrit aussi beaucoup par la guerre comme il
luttait pour fonder sa ville et installer ses dieux dans le Latium ; d’où
la race latine, les Albains nos pères et les murs de la haute Rome.
(trad. de
Jacques Perret, Paris, Gallimard, « Folio », 1991)
Je chante les combats du héros qui fuit les rivages
de Troie
et qui, prédestiné, parvint le premier en Italie, aux
bords de Lavinium ;
il fut longtemps malmené sur terre et sur mer par les
dieux tout-puissants,
à cause de la colère tenace de la cruelle Junon
la guerre aussi l’éprouva beaucoup, avant de pouvoir
fonder sa
ville
et introduire
ses dieux au Latium, berceau de la race latine,
des Albains
nos pères et de Rome
aux altières murailles.
Muse, rappelle-moi pour quelle cause, quelle offense à sa
volonté, quel chagrin
la reine des dieux poussa un héros d’une piété si insigne
à traverser tant d’aventures, à affronter tant d’épreuves ?
Est-il tant de colères dans les âmes des dieux ?
(trad. de A. M.
Boxus et J. Poucet, Université de Louvain, disponible en ligne)
Les armes je célèbre et l’homme qui le premier des
Troyennes rives
en Italie, par la fatalité fugitif, est venu au Lavinien
littoral ; longtemps celui-là sur les terres
jeté rejeté sur le flot
de toute la violence des suprêmes dieux, tant qu’à sévir
persista Junon dans sa rancune,
durement eut aussi de la guerre à souffrir, devant qu’il
ne fondât la ville
et n’importât ses dieux dans le Latium ; d’où la race
Latine
et les Albains nos pères, d’où enfin l’altière cité les
murs – Rome.
Muse, les causes ? Dis-moi en quoi lésée sa divinité,
pourquoi la dolente reine des dieux précipitait de chute
en chute
l’homme d’insigne piété, le poussait à connaître tant de
tribulations.
Tant y aurait-il de colère dans les célestes esprits !
(trad. de Pierre
Klossowski, Paris, Gallimard, 1964)
Aux élèves, maintenant :
Armes, héros je chante, héros qui premier
Chassé par le sort, des rivages de Troie vint en Italie
sur le littoral de Lavinium
Sur terre, sur mer, très souvent secoué
Par la haute colère, par la souvenance et cruauté de
Junon,
Guerre aussi il souffrit, jusqu’à fonder la ville
Et porter ses dieux dans le Latium, de là viennent la race
latine,
Et nos pères d’Albe et les hauts murs romains.
(Lucie)
Les armes et l’homme je chante, des rivages de Troie le
premier il est venu
En Italie fuyant par la faute du destin sur le littoral de
Lavinium
Sur terre secoué comme sur mer
Par la force de dieux et par la colère rancunière de Junon
Souffrant beaucoup, et même de la guerre, jusqu’à ce qu’il
fonde une ville
Et qu’il apporte les dieux dans le Latium, d’où sont les
origines latines
Les pères albains et les murs de la haute Rome.
(Francine)
Je raconte les armes, je raconte celui qui premier
Des rivages de Troie est venu je raconte le poursuivi du
destin
Sur les rives de Lavinium en Italie.
Tant et tant secoué sur mer comme sur terre
Par la violence des dieux par la violence de la cruelle
Junon s’en souvenant toujours.
Je raconte les mille malheurs et les mille souffrances.
Je raconte les mille malheurs du souffrant de la guerre,
Jusqu’à ce qu’il fonde sa ville,
Qu’il porte les dieux dans le Latium
D’où la race latine les ancêtres d’Albe, les murailles de Rome
la gigantesque.
(Jimmy)
L’Énéide, Livre
4, vers 9-19.
Anne, ma sœur, que d’insomnies me terrorisent, moi
étranglée !
Quel extraordinaire hôte s’est arrêté en nos lieux,
Portant en son visage quel naturel, courage et quelles
armes !
Certes, non pas en vaine foi, je crois qu’il est de la
divine espèce
La peur est la preuve d’appartenance à une faible
espèce !
Hélas, par quelles secousses du destin il a été
malmené !
Quelles guerres menées il chantait !
Si, je n’avais cette immobile et fixe idée demeurant en
mon cœur,
Qu’ainsi, je ne veuille avec personne m’unir en noces,
Depuis que la mort m’a trahie et déçue de mon premier amour
Pour lui seul, peut-être, je pourrai me laisser aller à la
faute.
(Lucie et Jeanne)
Anne ma sœur, que d’insomnies me terrorisent et m’élèvent !
Quel extraordinaire hôte franchit le portail de notre
domaine,
Portant son être sur son visage, quel courage et quelles
armes !
Je crois certes, ce n’est vide de sens, qu’il est de la
race des dieux.
La peur et la lâcheté désignent les esprits faibles.
Hélas, par quel
Destin il fut secoué ! Quelles guerres vécues jusqu’à
leur fin glorieuse il chantait !
Un sentiment figé et immuable s’est installé dans mon cœur :
En aucun cas je ne veux m’unir par un lien conjugal
Après que mon premier amour par la mort a été abusé,
Mais peut-être pour lui seul j’aurais manqué à ma
parole...
(Elorri)
Anne ma sœur, que d’insomnies me terrorisent et me rendent
folle !
Quel fantastique hôte est entré dans notre demeure,
Quelle naturelle beauté il porte sur son visage et que son
cœur est fort !
Je crois certes, et ce n’est pas une foi vaine, qu’il est
de la race des dieux.
La peur est la preuve des esprits faibles.
Hélas par quel destin il a été secoué !
Quelles guerres supportées jusqu’à la fin il
chantait !
Si une décision fixe et immobile ne s’était installée dans
mon âme
De sorte que je ne veuille m’enchaîner par le mariage
Après que la mort a trahi mon premier amour
Pour lui seul peut-être j’aurais pu succomber.
(Tamara)
Anne, sœur mienne, quelles insomnies m’épouvantent et m’élèvent
au-dessus des autres !
Quel invité fabuleux est entré dans notre logis !
Quelle prestance, quel courage, quels exploits !
Quelles armes et quel grand cœur il porte en lui !
Ah ! Je pense bien, et ce n’est guère une foi vaine,
qu’il est de la race des dieux !
La peur désigne les esprits faibles !
Hélas ! Quels destins se sont joués de lui !
Quelles guerrières épreuves il endura jusqu’au bout !
Quelle épopée !
Si je n’avais pas pris la ferme et close décision de ne
consentir à m’enchaîner par le mariage,
Depuis que mon premier amour me trahit et me trompa par sa
mort,
Peut-être que pour lui seul j’aurais pu succomber.
(Gaspard)
Ovide au lycée
Les Métamorphoses, Livre II, Phaéthon
Même,
le maître de l’immense Olympe,
Qui
lance de sa main terrible les foudres farouches,
Il
ne dirigera pas ce char ; et qu’avons-nous de plus grand que Jupiter ?
La
première route abrupte ou par laquelle, à l’aube, les chevaux frais
S’élancent,
dont le milieu de la voie est haute dans le ciel.
Il m’arrive souvent d’avoir peur à la vue de terres et mers
Et
d’une terreur épouvantable ma poitrine tremble.
Le
dernier chemin est raide et Thétys elle-même
Craint
chaque jour que je n’atterrisse dans ses eaux la tête en avant.
Ajoute
à cela que le ciel est pris dans un éternel tourbillon
Et
dans un vif rouleau, il entraîne les hautes étoiles
Je
vais à l’opposé de cet élan,
Élan
qui ne me vainc pas mais vainc les autres.
Au
contraire, je suis porté à travers le monde rapide
Et
si je te donnais le char, que ferais-tu ? Pourrais-tu aller
à
l’envers de la course des pôles afin que le char rapide ne t’emporte pas ?
(Manon, Noémie, Clémence,
Marie-Guerrande)
La
première voie est abrupte et, à peine éveillés,
les
chevaux s’élancent ; elle est au milieu si haute!
Ma
poitrine tremble d’une peur panique
à
voir souvent terres et mers de si haut.
La
dernière voie est inclinée et nécessite une direction assurée.
Alors,
elle me reçoit encore dans ses eaux profondes,
Thétys,
elle craint continuellement que je n’y sois entraîné la tête en avant.
Ajoute
à cela que les cieux sont pris dans une éternelle tornade,
qu’ils
emportent les hautes étoiles et qu’elle les fait tournoyer dans des rouleaux
puissants.
L’élan
ne me bat pas, lui qui bat tous les autres,
je
lutte contre l’univers vif et impétueux.
Imagine
que je te donne le char, qu’en feras-tu?
Pourras-tu
inverser la course des pôles?
(Héloïse, Rémi, Oihan)
Ardue
est la première route, sur laquelle, au petit matin, pleins de vitalité,
S’élancent
les chevaux ; au centre elle s’élève au plus haut dans le ciel,
Ici,
la peur de voir souvent la mer et les terres peut s’emparer de moi
Ma
poitrine frémissante d’une terreur épouvantable
Et
l’ultime voie est inclinée, elle nécessite une infaillible maîtrise :
Celle
qui m’accueille dans ses eaux d’ici-bas
Elle-même,
Téthys, craint que je n’y sois précipité.
Ajoute
à cela que le ciel est pris dans un éternel tourbillon
Et
que les hautes étoiles sont traînées, prisonnières
d’un
tumultueux souffle céleste.
Je
m’attelle contre ce mouvement qui sans me vaincre, vainc les autres,
Je
suis emporté au contraire du cours rapide du monde.
Imagine
que ce char te soit donné : que ferais-tu ? Pourras-tu t’opposer à la
rotation des pôles afin que le char, rapide, ne t’emporte pas ?
Peut-être imagines-tu des bois et rêves-tu des villes des dieux
Et
songes-tu à des sanctuaires riches d’offrandes.
Le
chemin est parsemé de pièges et d’images d’animaux sauvages.
(Juliette, Leonor, Martin, Maximilien)
Les Métamorphoses, Livre II, Hippé
Elle
a parlé ainsi, une grande partie de plaintes,
peu
compréhensible et ses mots sont confus ;
bientôt
ils n’ont plus l’air de mots ni de cris de cheval,
mais
d’une imitation de cheval, en un bref moment
elle
pousse des hennissements certains et ses bras remuent dans l’herbe.
Alors
ses doigts se réunissent et ses cinq ongles se joignent
en
un seul ongle dont la corne ne s’interrompt pas et les dimensions
de
sa bouche et de son cou augmentent ; une vaste portion de sa longue robe
devient
queue, et sa tresse vagabonde qui reposait sur son cou,
à
sa droite retombe en crinière ; et simultanément se renouvellent
et
sa voix et son visage ; ces merveilles ont donné aussi un nouveau nom.
(Rémi)
Elle
a dit de telles choses, et la fin de sa plainte
A été difficilement
comprise à cause de ses paroles confuses.
Bientôt, ne sont perçus
ni les paroles, ni les cris de la jument
Mais le son de quelqu’un
qui imite la jument, et dans un bref instant
Elle pousse un cri, un véritable hennissement et ses bras sont attirés vers le sol,
Alors, les doigts de sa
main se réunissent et joint les cinq doigts
Un ongle léger,
en une corne lisse, unie,
La largeur et de la
bouche et du cou croît ; la majeure partie de sa grande robe
Devient queue, comme ses
cheveux épais qui, en cascade sur son cou,
Laissent place sur le
côté droit à une crinière ; de la même façon, se
transforment
Et voix et visage ;
ces prodiges lui ont offert pour finir un nouveau nom.
(Clémence)
Tant
de choses ont été dites, et la fin de sa plainte
a
été difficilement comprise à cause de ses paroles confuses.
Bientôt,
ne seront perçus ni les paroles, ni les cris de la jument,
Seulement
le son de quelqu’un qui imite le cheval, et dans un bref instant
Elle
pousse un cri, un véritable hennissement et ses bras se tendent vers l’herbe.
Alors,
les doigts de sa main se réunissent
Et
un ongle léger joint les cinq doigts en une corne unie, un sabot,
L’espace
et de la bouche et du cou croît ; la majeure partie de sa grande robe
Devient
queue et sa chevelure recouvrant sa gorge
Disparaît
en crinière le long de son épaule droite, en même temps lui sont attribués
Et
la voix et le visage équin ; métamorphose achevée, lui est aussi donné un
nouveau nom.
(Noémie)
À
elle, qui dit de telles choses dont une partie sont à la fin des plaintes,
Qui
a été peu comprise à cause de ses paroles confuses ;
Bientôt,
ne sont perçues ni les paroles ni les cris de la jument
Mais
le son de celle qui imite la jument, et dans un petit laps de temps
Elle
pousse un cri, un véritable hennissement et ces bras se tendent vers l’herbe.
À
ce moment-là, les doigts de sa main se réunissent et un ongle léger joint les
cinq doigts en une corne lisse
L’espace
et de la bouche et du cou croît ; la majeure partie de sa grande
Robe
devient queue comme ses cheveux vagues couvrent le cou
Ils
disparaissent en crinière du côté droit ; en même temps se renouvelle
et
la voix et le visage ; ces merveilles lui ont donné aussi un nom.
(Marie-Guerrande)
À
elle qui dit de telles choses, dont une partie est à la fin de sa plainte,
Qui
n’a pas été assez comprise à cause de ses paroles confuses ;
Bientôt
ni les paroles ni les cris de la jument ne sont perçus,
Mais
ce son de celle qui imite la jument ; et dans un bref instant
Elle
pousse des hennissements et tend ses bras dans les herbes.
À
ce moment-là, les doigts de sa main se réunissent
Et
un ongle léger joint les cinq doigts en une corne unie,
L’espace et de la bouche
et du cou grandit ; la majeure partie de sa grande robe
Devient queue ;
comme ses cheveux vagues couvraient le cou,
Ils disparaissent en
crinière du côté droit ; de la même façon, se renouvellent
Et
la voix et le visage ; ses monstruosités lui ont également donné un
nouveau nom.
(Manon)
À
elle, qui dit de telles choses, voilà la fin de ses plaintes.
On
la comprenait mal et les mots étaient confus ;
Bientôt,
ni mots ni cris de cheval ne paraissent,
Mais
des sons de celle qui imite un cheval ; en peu de temps
Elle
pousse un hennissement et elle agite ses bras dans les herbes,
Alors
ses doigts se rejoignent et un sabot lisse réunit ses cinq doigts
En
une corne perpétuelle, augmente l’espace et de la bouche
Et
du cou ; une grande partie de sa longue robe
Devient
queue, comme ses cheveux vagues sur la nuque tombent
Disparaissent
sur sa droite en crinière ; et en même temps sont transformées
Et
sa voix et son visage ; aussi ces merveilles ont donné un nom.
(Juliette)
À
elle qui dit de telles choses, voilà la fin de ses plaintes
On
la comprenait peu et ses mots étaient confus ;
Bientôt
ne paraissent ni mot, ni son équin,
Mais
des sons de celle qui imite le cheval ; et en peu de temps
Elle
expire en hennissements et agite ses bras dans les herbes.
Alors
ses doigts se rejoignent et rassemble ses cinq doigts le sabot lisse
En
une corne perpétuelle ; et de la bouche, et du cou
L’espace
augmente ; une grande partie de sa longue robe
Devient
queue, comme ses vagues cheveux ondulent le long de son cou,
Et
disparaissent en crinière de cheval du côté droit ; et se renouvellent
Et
sa voix, et son visage ; ces prodiges donnent même un nom.
(Léonor)
Pour
elle par qui de telles choses furent dites, enfin sa complainte se finit.
Peu
sont ceux capables de la comprendre tant ses mots sont confus.
Bientôt
ni mot ni son de la jument furent produits
Mais
de celle qui imite le cheval, en un court laps de temps
Un
hennissement s’extirpe de ses entrailles et ses bras s’agitent dans les herbes
Alors
ses doigts se joignirent, et à leurs extrémités, ses ongles se réunirent en un
sabot lisse.
En une corne éternelle, l’interstice de sa bouche
et de son cou forma un ensemble de taille grandissante ; alors que sa
longue robe
Fut
métamorphosé en une queue, telle une cascade de chevelure reposant sur sa
nuque.
Ainsi
naquit sa crinière, disparaissant sur sa droite ; en la même heure
Sa
voix et son visage furent transfigurés ; ces prodiges engendrèrent un nom.
(Maximilien)
Pour
elle, qui prononça de tels mots, sa complainte s’éteignit
Pour
eux, qui ne les comprirent pas, ses mots furent confus
Et
puis maintenant, ces sons ne sont ni mot ni hennissement
Ces
sons ne sont qu’imitation de la jument, mais rapidement
Du
fond de sa gorge, un hennissement jaillit, ses bras galopent dans l’herbe
Ses
doigts se rejoignent, et un en sabot lisse, se réunissent.
Forment
une corne infinie, et l’espace et de la
Bouche
et du cou s’élargit, et de sa
Longue
robe naît une queue, et tels les vagues, les cheveux coulent sur la nuque
Et
fondent en une débordante crinière ; et dans le même temps, changent
Et
sa douce voix, et son beau visage, et ces merveilles, dans leur miracle,
donnent un nom.
(Martin)